Gobelets en carton et bioplastique : en voilà une fausse bonne idée écolo!
Les français consomment 4 milliards de gobelets jetables par an selon Planetoscope, ce qui représente près de 32 000 tonnes de déchets plastiques ! Et seulement 1% sont véritablement recyclés.
Gobelets, assiettes, couverts… La vaisselle en plastique est désormais interdite à la vente en France depuis le 1er janvier 2020 (loi AGEC), et la période de carence qui autorisait d’écouler les stocks s’est officiellement achevée le 1er juillet 2021. Les alternatives proposées – vaisselle en carton ou en bioplastique – constituent un marché immense en plein essor. Néanmoins, ces solutions sont-elles réellement plus « écolos » ?
Marketés écoresponsables et durables, ces nouveaux gobelets stars sont en réalité tout aussi néfastes pour l’environnement que le plastique « classique » : ils sont toujours destinés à un usage unique, et ne se recyclent pas mieux.
Le gobelet en carton recyclable : une théorie plus qu’une réalité
Pour éviter que le liquide contenu n’imprègne le carton, l’intérieur des gobelets est en général revêtu d’une fine couche de plastique ou de paraffine.
Souvent indécelable à l’œil nu, cette pellicule est difficile, voire impossible à recycler. Gardons à l’esprit que l’opération la plus compliquée dans le recyclage est la séparation des composants. Lorsque les matières ne sont pas bien récupérées « pures », cela occasionne une perte de qualité.
Ensuite, la plupart des gobelets n’étant pas mis sur le marché en tant qu’emballages, ils ne sont pas traités par les centres de tri dans lesquels vont les sacs jaunes. Aussi, même s’il existe des usines capables de recycler les gobelets en carton, comme il n’y a pas de filière de collecte et de tri spécifique en amont, ceux-ci ont peu de probabilité d’être recyclés.
Enfin, un gobelet en carton ne peut pas être fabriqué en papier recyclé, car l’origine de la matière n’étant pas traçable, la conformité aux normes pour le contact alimentaire ne peut être assurée. Ainsi, même si l’on vous dit d’un gobelet qu’il pourra être recyclé, il n’en a pas moins été fabriqué avec des fibres neuves.
Il faut néanmoins apporter quelques nuances. Le gobelet 100% carton, sans pelliculage plastique, existe. Mais il reste minoritaire sur le marché. Et les circuits de collecte pour le recycler efficacement le sont d’autant plus que leur stockage pose problème : leur matière organique peut fermenter et ainsi enrayer le processus de recyclage du carton.
Le gobelet en bioplastique : pas si « vert » que ça
Les plastiques biosourcés
Les plastiques biosourcés sont, comme les autres plastiques, des polymères fabriqués industriellement, cependant leur matière première est de la biomasse, c’est à dire d’origine naturelle, et non pas fossile. C’est par exemple le cas du PLA, un polyester fabriqué à partir d’amidon de maïs. Mais attention, si l’intérêt de ce type de plastiques provient essentiellement du caractère renouvelable des ressources utilisées pour leur fabrication, la pollution qu’ils génèrent est supérieure à celle des plastiques habituels.
- Légalement, un plastique est dit « biosourcé » quand sa composition contient à minima 30% de biomasse. Ainsi, un plastique peut être « biosourcé » avec 70% de composants fossiles.
- La plupart des plastiques biosourcés proviennent des monocultures les plus polluantes au monde : canne à sucre, fécule de maïs, pommes de terre…
- Biomasse ne veut pas dire « bio » ! La biomasse peut être issue de cultures soumises aux OGM, et à des produits phytosanitaires ou engrais à base de pétrole.
- Des additifs sont ajoutés à la composition des bioplastiques, pour leur donner les caractéristiques attendues : souplesse, toucher, résistance aux UV, couleur ou transparence, etc. Les recettes sont propres à chaque fabricant et ne sont pas harmonisées pour permettre un recyclage performant.
- Aucun bioplastique n’est recyclé à ce jour par le biais du sac jaune. Pour que des objets en bioplastique soient recyclés, il faudrait qu’ils soient collectés dans un circuit bien spécifique et expédiés dans une usine qui rassemble ceux dont la composition est strictement identique afin de les recycler… Or depuis que l’on produit du plastique, les circuits de collecte se sont progressivement construits pour quelques grandes familles de plastiques. Les bioplastiques sont ainsi encore trop récents pour être intégrés dans des collectes, et la possibilité de les recycler est uniquement théorique.
Le plastique biosourcé n’est donc en rien « écolo ».
Les plastiques biodégradables
Certains plastiques biosourcés, dont le PLA, sont dits « compostables ». Certes, leurs polymères peuvent être décomposés, avec un certain temps, et cela donne bien de la matière dite « organique » car ils sont faits de molécules carbonées. Mais ce fonctionnement est loin de tenir ses promesses écoresponsables.
- En se décomposant, ils lâchent aussi les additifs qui étaient nécessaires à leur fabrication, empoisonnant ainsi les sols dans lesquels ils se trouvent.
- La majorité du temps, ils ne font que se biofragmenter, c’est-à-dire qu’ils créent des microparticules de plastique qui viennent ensuite polluer nos rivières et océans.
- Leur biodégradation n’est possible que sous des conditions techniquement maîtrisées, que l’on ne retrouve ni dans la nature, ni dans les océans. En bref, ces plastiques biodégradables doivent obligatoirement passer par un dispositif de compostage industriel pour être dégradés. Mais petite anecdote : la filière de collecte et de compostage industriel du PLA n’existe pas en France.
- Un plastique composté ne se transforme pas en un terreau qualitatif et nourricier. Il peut au mieux ne plus laisser de traces visibles, à condition d’avoir été préalablement déchiqueté, et placé en proportion réduite dans de la « vraie » matière organique. Ce n’est pas de cela que nos sols agricoles ont besoin ! Or, au rythme auquel notre consommation de jetable s’accroît, si nous utilisons des emballages et ustensiles en bioplastique au lieu de les remplacer par des solutions réutilisables, il y aura bien trop de plastique dans nos sols pour pouvoir être absorbé par les milieux naturels.
Alors, à votre avis, quand on utilise un contenant en plastique biodégradable en France, quel pourcentage de chances a-t-il de réellement finir biodégradé ?
La seule solution écoresponsable, c’est de remplacer le jetable par du réutilisable
Résumons : les gobelets en carton ou en bioplastiques sont en réalité moins performants en recyclage, en général non collectés, et ils coûtent beaucoup plus cher… Même en plastique, les gobelets réutilisables sont meilleurs en termes de consommation d’énergie, d’effet de serre émis, et d’écotoxicité aquatique, dès lors qu’ils sont utilisés 7 fois.
Alors sans hésitation, pour réduire l’impact environnemental de sa cafétéria ou de ses buffets, mieux vaut utiliser de la vaisselle réutilisable !
Et combien cela vous coûte-t-il ?
2 options s’offrent à vous :
Vous pouvez acheter vos contenants réutilisables neufs, auquel cas ils seront amortis sur plusieurs utilisations. On est souvent agréablement surpris par la rapidité à laquelle l’achat est amorti, car les gobelets jetables en carton ou bioplastique représentent des budgets conséquents !
Vous pouvez aussi opter pour de la récup‘ : acheter dans un circuit de seconde main… ou bien demander aux usagers d’apporter leur propre gobelet ! Vous pensez qu’ils peuvent mal réagir ? C’est que vous n’avez pas encore testé notre animation « Paie ton verre ! ». A la clé, une vaisselle gratuite et des usagers heureux de contribuer, y compris de laver eux-mêmes leur verre ou tasse au quotidien !
N’oublions pas qu’avec l’entrée en vigueur de la loi AGEC, les commerçants sont dans l’obligation de proposer une réduction sur les boissons à emporter aux clients équipés de leur propre gobelet réutilisable ou de leur gourde.
Autre facteur d’économie chez les commerçants : la vaisselle réutilisable permet également de faire des économies en termes de logistique d’achat et espace de stockage !