Comment choisir une gourde « écologique » ?
En écoconception, on ne croit pas à l’objet parfaitement écologique. Chaque produit va avoir différents impacts sur l’environnement au cours de sa fabrication, de sa période d’utilisation, et de sa fin de vie… et tout est question de choix : vous pourrez privilégier une fabrication rapprochée, une matière recyclable, ou une marque avec un bon SAV…
Voici quelques pistes pour être expert de la gourde écoconçue et choisir en connaissance de cause.
Le choix du matériau
Plastique, aluminium, verre ou inox… Toutes ces matières consomment des ressources épuisables, et nécessitent beaucoup d’énergie pour être transformées. Vous penserez peut-être aux bioplastiques, faits ou partiellement faits de ressources renouvelables, mais leur faible solidité, l’absence de preuve de leur innocuité, et leur fin de vie font que ce ne sont pas des choix durables.
Comme pour tout produit, le seul choix zéro impact lié au matériau, est le réemploi : si vous utilisez une gourde de seconde main ou une bouteille récupérée, votre geste permettra d’éviter un déchet et la consommation de matières et d’énergie pour la fabrication d’un nouvel objet. De plus, si l’on y prête attention, on se rend vite compte que notre quotidien est rempli de jolies bouteilles, qui ne demandent qu’à être réutilisées…
Si l’on tient à du neuf, mieux vaut choisir sa matière en fonction des qualités attendues de la gourde en phase d’utilisation.
Où est fabriquée la gourde ?
Actuellement, seules les gourdes en plastique et en aluminium sont fabriquées en France. En ce qui concerne l’inox et le verre, il n’existe qu’une seule marque pour chaque matériau qui est capable de produire des gourdes en France. Pourquoi cela ?
L’acier inoxydable est un alliage de fer, de chrome et de nickel. Ces trois composants sont des issus de gisements de métaux qui sont tout simplement inexistants sur le sol européen. En plus de cela, il n’existe tout simplement pas d’usine de production d’inox capable de fabriquer des gourdes double paroi en France. L’équipement qui serait nécessaire à la fabrication d’objet à parois si fines est extrêmement onéreux. Il n’est pas exclu qu’une telle fabrication soit un jour relocalisée, mais en attendant, les marques européennes et américaines font donc réaliser leur production en Asie.
Toutefois, il est estimé que le transport maritime ne représente que 2% de l’impact carbone d’une gourde inox importée : l’empreinte CO2 de 20 000 km en porte-container par voie maritime est équivalente à celle de 225 km en camion. Or bien des produits parcourent plus de 225 km en camion entre leur arrivée sur le sol européen et notre acquisition. Attention également aux grossistes qui présentent des tarifs très attractifs, mais dont les marchandises sont passées de dépôt en dépôt.
Il est cependant possible de fabriquer des gourdes inox simple paroi -non isothermes- en France. Seule la marque Zeste en propose pour l’instant.
Côté fabrication de verre, mêmes enjeux : certes nous avons des verreries en France, mais leurs équipements sont peu adaptés à la fabrication de goulots à vis. Certains d’entre eux sauraient en faire, mais l’offre de bouchons adaptés est proche d’inexistante. Côté pays voisins même constat : on trouve un certain nombre de flaconniers pour la pharmacie. Seul hic, ils utilisent des références standard : un flacon avec un resserrement de goulot prononcé -difficile à nettoyer au quotidien- et des capuchons plastiques ni esthétiques, ni durables dans le temps. Les designers rêvent d’en concevoir de nouveaux, mais les équipements des flaconniers nécessitent des productions en centaines de milliers -voire millions- de pièces pour trouver leur rentabilité, et le marché de la gourde n’est pas assez porteur pour porter de tels engagements.
La marque Gobi s’est retroussée les manches, et a développé la seule gourde en verre made in France, avec un capuchon en plastique biosourcé.
Pour une gourde type flacon faite en Italie par des flaconniers, on peut se tourner vers la jeune marque Ecob.
L’enjeu de la distribution
On commet souvent l’erreur de prévoir une distribution massive, et il faut alors rechercher le plus petit prix pour limiter la dépense globale. Mais la quantité de gourdes nécessaires est une question à ne pas négliger. Elle influe considérablement l’impact environnemental -et financier !- de votre distribution.
Il est bien-sûr bien plus simple de commander un modèle unique. Mais tout le monde n’a pas les mêmes goûts, y compris en matière de verre de tasse ou de gourde : le contenant qui plait à tout le monde n’existe pas. De plus, lorsque dans un même espace chacun.e est équipé.e du même contenant, cela favorise la confusion, ce qui génère un enjeu sanitaire et favorise la désappropriation. L’idéal, pour s’assurer de l’utilité d’une nouvelle acquisition, est donc d’offrir un choix aux usagers. Ils peuvent par exemple recevoir un bon pour un contenant, qu’ils iront eux-même choisir au sein de votre présélection. Peut-être que certaines personnes ne confirmeront aucune des propositions, mais puisque c’est leur choix, au moins vous leur aurez offert le cadeau de pouvoir se faire plaisir, tout en optimisant parfaitement vos achats !
En effet, certaines personnes n’ont pas du tout besoin d’une gourde, car elles ont déjà un contenant qu’elles utiliseront avec plaisir. Vous avez l’impression que de leur demander de l’apporter irait à l’inverse de l’esprit cadeau souhaité ? C’est pour contrer cela que nous avons conçu l’animation « Paye ton verre », qui remplace les achats par des apports spontanés, et avec enthousiasme !
La fin de vie de la gourde
Certains plastiques se recyclent, d’autres pas. Mais même quand la matière est recyclable, il est généralement difficile (voire impossible) de trouver un circuit de collecte qui assurera d’envoyer votre vieille gourde dans une usine où elle sera réellement fondue pour refaire une gourde, ou plus généralement un objet de moins bonne qualité.
Côté verre, il y a le verre « borosilicaté » (= celui qui ne craint pas les chocs thermiques, donc celui des théières en général), qui ne peut pas être recyclé, et le verre « sodocalcique », recyclable. Cependant les professionnels du recyclage demandent de ne pas déposer dans les bornes de tri sélectif du verre d’autres objets que des emballages (bouteilles, pots…). Les emballages en verre seraient faits dans une qualité de verre qui fond à une température inférieure à celle qu’il faut pour transformer certains objets de la vie courante, plus denses ou plus épais.
Méfions-nous de la simple mention « recyclable ». Celle-ci ne veut pas dire que l’objet sera réellement recyclé : il faut toujours veiller à l’existence du circuit de renvoi du produit, et à la facilité du geste le moment venu pour les usagers.
L’inox et l’aluminium quant à eux sont des matériaux qui se recyclent à l’infini, et qui peuvent être déposés chez n’importe quel ferrailleur en fin de vie. Ce sont les grands gagnants au concours des gourdes recyclables.
Les grands perdants sont les gourdes et gobelets en bioplastiques, dont les circuits de recyclage sont quasiment inexistants. N’oublions pas que même si un circuit de collecte existe, chaque objet en bioplastique a sa propre composition, et ne pourra pas être mélangé à d’autres pour un recyclage de qualité. Or le recyclage est un processus industriel qui ne peut se faire de façon maitrisée que sur des quantités conséquentes. Ainsi, même si un fournisseur vous reprend ses produits en fin de vie, en combien de temps accumulera-t-il un tonnage suffisant pour lancer une production ? Il y a fort à parier que les fameux produits finiront en mélange dans un lot d’une autre résine, et contribueront ainsi à ce que l’on appelle le « décyclage » (downcyling en anglais), c’est à dire la transformation en un produit de moins bonne qualité. Ce scénario ne permet pas une réelle économie circulaire.
Et parmi eux les modèles dits compostables sont plutôt porteurs de fausses promesses… On vous explique tout dans notre article sur les gobelets compostables.